Samedi 17 octobre 2020 : baptêmes voile et bouteille à la... rivière
Echelle des crues du pont du Veurdre : - 0,41 m.
Difficile de résumer cette douce journée de rivière, tellement d'instants particuliers y sont attachés.
L'équipage, après un court bac, rejoint le train chavan ancré au beau milieu de la rivière pour cette maintenance de fin de semaine.
A notre arrivée sur le pont du Lion, notre toue de 13 mètres, Gros Fred découvre flottant dans le puit moteur au milieu de branchages et lentilles d'eau une "bouteille à la rivière"... Pas de doute sur la prime volonté. Une feuille enroulée sur elle-même, ainsi qu'une calligraphie à l'encre bleue y sont bien visibles.
Poursuivant la mise à sec des bateaux, le balayage, le contrôle des attaches et ancrages, la bouteille est posée à l'attente au centre de la table de la "carrée", chacun se demandant la teneur des propos enfermés.
S'en suit un enchaînement digne d'un scénario des plus haletants. Alors que nous avons la plus grande peine à libérer le bouchon du flacon, le mystérieux message contenu ne parvient pas à refranchir l'étroitesse du goulot. L'idée suivante est bien sûr le fin fil de fer recourbé qui ne fait que ruiner la lettre humide !
Alors, d'un commun accord il est décidé de casser la bouteille sur une des oreilles de l'ancre. Quelle belle et foudroyante idée ! L'extrémité de la scène est telle que notre beau message est maintenant retourné à la rivière s'engouffrant sans attendre sous la levée du pont...
Le train, sur toute sa longueur est alors lestement parcouru, jusqu'au dernier bachot vite largué dans l'attente improbable de voir ressurgir la missive. Quelqu'un pense la voir flotter à "mar". De vifs coups d'avirons déçoivent rapidement. Il faut se résigner à rejoindre à contre-courant et coeur le train, déçu et honteux.
La casse d'un mûr aviron complète totalement ces folles minutes. C'est alors, qu'entre deux eaux, coulant maintenant à grande encâblure du train, la lettre ressurgit, pâle, d'une encre affaiblie. A la dernière seconde, le crochet de gaffe remonte les mots bleus que chacun croyait perdus !
Impossible d'être fier de cette in extrémis récupération mais voilà délicatement posé à plat sur la table de bord le message :
Bonjour à la personne qui me trouvera
Le vin était trop bon
J'espère que nous allons bien le digérer
L'étiquette est toujours apparente. Achetez le même
Mise à l'eau le 23 août 2020 au pont Régemorte à Moulins
avec Sonia, Chrystelle, Jean-Pierre et Tom (?)
Moulins / Château-sur-Allier en 56 jours pour un chemin de rivière de 36 kms, soit une moyenne de 1,5 kms / jour. Ce n'est pas si mal pour une bouteille "à gré d'eau".
Nous entendons bien que ce message ne concerne nullement l'appel désespéré d'une robinsonne captive d'une île d'amont, mais l'idée de ce voyage improbable avec comme finalité l'ancre du Lion d'Or chavan, nous à beaucoup plu !
Lorsque la morosité du monde aura fait son chemin et s'ils se reconnaissent, nous convierons ces quatre bons vivants à venir à la prochaine Fête de la Rivière et trinquer au périple de la bouteille du meilleur de leur cave.
Avant midi, augurant la montée d'un léger souffle portant, il est décidé de mettre en ordre de marche à la voile le futreau emblématique des chavans. Hors du Temps, fine nacelle de 11 mètres, est conduite et ancrée à l'aval d'Embraud, dans le couloir d'éole et de son flux de nord annoncé pour l'heure de cinq du soir.
Il faut bien se rendre compte que le gréement de Hors du Temps, c'est 170 mètres de cordages dormants et courants, 50 m2 de toile qu'il convient de parfaitement ordonner pour une marche au vent. Ce futreau de plus de 24 ans à connu bien des aventures, tant à la descente qu'à la remonte, sur l'Allier comme sur la Loire. Le voilà aujourd'hui, vivant, équilibré et droit, pour plusieurs baptêmes de cette magnifique manière de parcourir la rivière.
La voile établie, il ne reste plus qu'à libérer notre "guirouet" indicateur, tout en haut de la mâture, emmêlé. La chose est simple de principe, mais il convient d'assurer la base de personnes de bonne stature. L'opération de dénouage du gonfalon imposant durant quelques secondes un équilibre précaire. Car même le plus léger d'entre nous est tout à fait en capacité, une fois rendu au faîte, de renverser le transport tout entier. La manoeuvre ne sera que partiellement réalisée et l'énergie engagée aura eu raison de la velléité d'essais multiples.
A contre-courant, tranquille, par moins de 10 km/h de vent, une allure parfaite pour comprendre le rôle des diverses commandes
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