Franchissement du Pont Régemortes par les bateliers Chavans
Samedi 14 août, l’équipe batelière de La Chavannée, de retour des fêtes de Contigny et Chemilly, via les rivières de Sioule et Allier, est arrivée en vue du pont Régemorte en fin d’après-midi.
Les équipages formés de leurs fûtreaux Tresse-Allier (9 mètres) et La Gabrielle (7 mètres) envisageaient un bivouac sur la grève de l’ancienne cité batelière, avant d’apponter après une journée de navigation encore, les prairies d’Embraud, siège de leur domaine à Château-sur-Allier.
Avant cela, il a fallu franchir en rive gauche l’arche qui surplombe la passe à poissons et qui comme son nom l’indique n’est pas une passe à bateaux... En effet, il n’y a guère plus de 100 ans, comme les anciennes photos le prouvent, le seuil du radier du pont de Moulins était de niveau égal à l’amont comme à l’aval. Aujourd’hui, le creusement du lit de la rivière impose à cette époque de l’année une marche de presque 3 mètres, rendant le franchissement quasi impossible aux lourds bateaux en bois traditionnels, pourtant conçus pour cette rivière.
Après un prompt plan de bataille dans un ronflement aqueux empêchant toute longue discussion, il est décidé d’engager le plus léger fûtreau qui approche les 600 kg. Allégé de son chargement que sont les avirons de bord et de queue, les coffres de marine, les sacs de subsistance et couchage, les lanternes, les réserves d’eau et les bâtons ferrés, La Gabrielle cherche l’alignement adéquat pour « sauter » la première des 8 marches imposées.
Assurée d’un fort cordage en rappel aux fins de contrer un travers fatal voulu par le courant, l’équipe de toute sa force mais dans un équilibre précaire, allège sur chaque marche le bateau qui, avec peine et dans un raclement de fond inquiétant, avance malgré tout vers le degré aval suivant.
La plus haute et dernière marche franchie, déjà les Chavans et forts de ce succès, s’affairent à préparer le grand fûtreau Tresse-Allier pour la même manœuvre maintenant éprouvée.
Beaucoup de cette bonne énergie déployée et avant de profiter pleinement d’un repas pensé par le gabarier en charge, il restait néanmoins à tout ranger dans le meilleur ordre pour continuer sérieusement la route sur cette voie de communication historique du Bourbonnais et de l’Auvergne.
La nuit fut fraîche mais au premier soleil et par un fort vent de galarne, la petite flotte disparaissait à l’horizon laissant derrière elle l’ancienne gare à bateaux, les gros et lourds anneaux des arches du pont qui virent tant de manœuvres de l’ancienne marine et les grands quais de Moulins-sur-Allier.
La persévérance des Chavans qui n’est plus à prouver (voir le livre Hors du Temps de leur voyage sur leurs fûtreaux vers Orléans, via l’Allier, La Loire) a eu raison de cet obstacle majeur d’aujourd’hui, mais peut-être est-il à prendre maintenant comme un rempart qui préserve la rivière de toutes les outrances.
Texte de Manu Paris
Photos de François Guéneau
Equipage de "La Gabrielle"
Manu Paris
David Boirat
Thomas Mousseau
Danielle Delouw
Cécile Paris
Equipage de "Tresse-Allier"
Michel Thevenin
Stéphane Manconi
Jean-Marc Duroure
Fred Mourier
Gabarier : Jacky Griffet
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