Samedi 11 février 2012

Publié le par L'Equipage des Chavans

Février est en pleine forme ! 

   Démontage de l'embâcle. Samedi 11 février 2012 (3)

 

Une tâche devenue habituelle depuis 15 jours : briser la glace autour des bateaux. Elle fait par endroit jusqu'à 6 pouces et le vent de bise est si fort qu'il fait remonter nos bateaux sur leur chaîne d'ancre ! Pourtant la neige est annoncée.

  

Démontage de l'embâcle. Samedi 11 février 2012 (4)

 

 

 

 

 

 

 

   

Le chantier du jour fut le démontage d'un embâcle formé à l'amont de notre talus d'accostage, lors de l'afflot du 8 novembre dernier.

 

En l'état, le pertuis de passage vers la "mer", restreint par des arbres morts scellés de glace, impose de funestes manoeuvres à la voile. 

  Marque à Manuscrit

   

  

 

 

 

 

 Ambiances... 

 

   
Chantier du grand batelet
 
Découpe des gabarits.Les gabarits des allonges sont découpés, puis reportés sur le plateau de chêne. La forme de la pièce y est alors tracée.
Marque à Fred
 

Voir les commentaires

L'histoire de "Hors du Temps", le grand futreau de la Chavannée

Publié le par L'Equipage des Chavans

Hors du Temps, le grand futreau de la Chavannée possède une histoire avant de connaître les rives bourbonnaises de la rivière Allier.

 

En décembre 2003, entre Noël et jour de l’An, lors d’une grande crue, un inattendu voyage entre Briare et Château-sur-Allier a dû être organisé. Le texte suivant, écrit par Jacques Paris, traduit les ultimes étapes de Loire et d'Allier.

 

Manu à l'entrée du pont-canal de Briare Décembre 2003Les deux volets de l'écluse, la dernière du canal latéral, juste avant le fleuve, s'ouvrent lentement. La Loire, géante et sauvage, soudain présente, dévale à angle droit, masse de flots gris et bruyants. Rien de bien engageant pour l'équipage réduit à deux bateliers qui tente de conduire le "Hors du Temps" jusqu'au seuil des Lorrains, en espérant que l’eau, là-bas, sera assez haute pour passer l'obstacle, le dernier et le plus redouté. L'éclusier, à la différence de ceux rencontrés jusqu'alors, de Briare à Saint- Thibaud, puis de Marseilles-les-Aubigny au Guétin, ne manifeste aucune bienveillance. A la question : "à combien estimez-vous le temps qu'il va nous falloir pour gagner le Guétin ?", il répond en maugréant : ... "Combien de temps pour aller au fond ?" Des mots qu'on se refuse à écouter, des mots qu'on aurait voulu autres...

 

La barre à droite, à mar, comme on dit, le moteur, fidèle et têtu, tel un animal, ronronne, imposant sa force modeste et résolue aux courants d'eau que la "cabane" remonte. D'habitude, c'est le ciel qui donne ses couleurs à la rivière, ici, sur le fleuve, c'est un vert jaune d'oeufs pourris qui gagne les nuages et les vents. La masse d'eau est aussi large que l'horizon, là-bas, tout droit, où débouche la grande coulée de lave aux reflets de cuivre et d'acier que rien ne saurait contenir ou stopper, sous un ciel bas et tourmenté.

 

Perdu au milieu de cette immense étendue d'eau, le bateau semble une coquille de noix qui remonte vers le Bec : à l'intérieur de l'habitacle de planches, à l'abri du vent et de la pluie, l'oeil rivé au plus loin, on se tait. Et l'on pense. On se sait à l'extrémité d'un long tapis qui se perd de chaque côté du fleuve dans les veurdiaux dont on ne voit que des hauts de branches, là où le flot déborde sur les deux rives, dans les prés et les terres du Berry et du Nivernais, face à face. Et les idées se bousculent : "Que faire si le moteur s'arrête ? Tenter de ramer, mais vers quelle rive, alors que l'eau semble ne plus avoir de limites ni de bords où toucher terre". Enfin, du côté de Marzy, juste avant la confluence, un chemin ou une route longe la Loire et lui donne un tracé plus rassurant, un chemin vers lequel il serait possible, si nécessaire, d'accoster. Au Bec, l'eau de l'Allier, la rivière familière, clapote et claque sous le bateau, impatiente de grossir de sa nouvelle crue le volume de la Loire qui dévale vers la Charité.

  

Hors du Temps Janvier 2004 a

 

La nuit tombe. Les lumières s'allument au long de la digue du Guétin. La toue de Bibi, ancrée, se détache sur le ciel, silhouette sympathique, avant-dernière étape : demain, le "Hors du Temps" franchira de justesse les Lorrains, une ou deux frayeurs supplémentaires, jusqu'aux sifflets lancés de la toue, à l'arrivée, au bas d'Embraud, sous l'oeil ravi d'un paysage non blasé, rue de la Chaîne, chez nous, à Château.

  

Embarquez en images sur hors du Temps et en musique avec La Chavannée (Bateau Doré)... 

   

 

Voir les commentaires

Mercredi 8 février 2012

Publié le par L'Equipage des Chavans

Depuis dix jours, les gelées dépassent les moins 10, rappelant les anciens hivers, ceux de notre enfance, mais aussi ceux décrits par les curés dans les registres paroissiaux des XVIIème et XVIIIème siècles. On se fait alors une idée plus précise et réelle de la rivière franchie à pont de glace, comme on disait...

 

Avant de partir au travail, tôt ce matin, barre à mine et bêche à dents en mains, David et moi avont cassé la glace qui maintenant enserre méchamment nos bateaux.

 

Le petit film ci-dessous est de ce jour à midi au bas d'Embraud.

 

 Marque à Manuscrit

    

 

 

Pendant que les glaces dévalent d'Auvergne, Serge, Michel et Jean-Marc s'affairent dans un atelier glacial à la poursuite du sauvetage d'un futreau bourbonnais : le Fût-d'trop.

 

Manu, au moment où j'écris, j'ai encore les doigts engourdis tant il fait froid du côté de Monteignet-sur-l'Andelot (petit affluent de l'Allier). On va pas se plaindre, personne nous force à y faire, comme dirait Michel.

 

2012-02-06-15.42.36.jpg 

2012-02-06-16.24.34.jpgAujourd'hui, j'ai fait l'arpette toute la journée, laissant la fabrication de pièces aux experts du bois et des machines. Il faut dire que le démontage des membrures, justifié par l'obligation de palâtre sans interruption, nous a révélé de mauvaises surprises ! Sur les deux premières, trois pièces sur six à changer. Il a fallut que je parte chercher du chêne sec en bonne section chez l'ami Hubert de la scierie de la Besbre.

 

 

2012-02-07-14.46.15.jpgJe t'ai mis au passage une photo de son "bureau", qui est plutôt rupestre comme tu dis.

 

Donc, pendant que je posais des mètres de bandes de zinc (m'aspergeant de goudron à presque chaque coup de marteau), Michel s'est attelé à la réfection complète du pont avant.

 

  

 

2012-02-08-15.25.32.jpg

 

Puis vint la repose de la première membrure, boulonnée au fond et chevillée à l'acacia avec une technique que je ne manquerais pas d'expliquer à Thomas pour son projet de batelet. Le froid nous poussant à réchauffer souvent nos mains près de l'énorme poêle, nous n'avons pas avancé plus que cela ces deux jours. Rendez-vous début mars pour la suite du sauvetage, en espérant une mise à l'eau pour la fête de la rivière.

A samedi

 2012-02-06-15.05.33.jpg

 Marque à Jean-Marc 

  

Voir les commentaires

Samedi 4 février 2012 : la rivière porte glaçons !

Publié le par L'Equipage des Chavans

Du côté du chantier...

 

Les membrures du bachot seront taillées dans des plateaux sciés dans un chêne de bouchure provenant de la commune de Croisy dans le Cher.

 

Thomas les a préparés et sélectionnés en fonction des "mouvements" des lignes du bois propres à servir les pièces courbes des membrures. Aujourd'hui, nous commençons par les allonges.

 

Relevage de cotes sur le bachot MathildeAprès un relevé de cotes sur le bachot Mathilde, des gabarits sont tracés. Ils aideront au choix de l'emplacement de taille sur les plateaux.

   

Une attention particulière est portée aux parties de fil courbe qui doivent tendre à épouser la forme de la future pièce.Traçages pour les membrures et allonges  

   

 

 

  

 

 

 

 

 

Marque à Fred

 

 

 

Sur la rivière...

 

Y'a plus de saison !

Pourtant ce matin la rivière porte glaçons.

 

Il fut dans l'histoire des hivers bien plus terribles, comme celui dont les glaces retinrent au Veurdre plus de cent bateaux. Le début de l'année 1789 commence ainsi sur ce grand port du Bourbonnais : Le froid a commencé le 8 novembre et a fini sur la fin janvier suivant. La gelée a été si forte qu'on a passé sur la glace l'Allier pendant trente-six jours consécutifs, à pied, à cheval et en voiture ; la glace avoit jusqu'à 20 et 22 pouces d'épaisseur*. La débâcle n'a occasionné aucun dommage dans ma paroisse et ses environs, mais plus loing c'étoit un déluge universel qui a entraîné  maisons, ponts, beaucoup de personnes ont été submergées, aussi tous les bois et batteaux sur les bords... Au Veurdre, ce 30 janvier 1789, Delage Curé.

*environ 60 cms

 

Ci-dessous, un petit aller-retour à la bourde sur l'île en face d'Embraud, par vent de bise. On n'y voit deux utilisations possibles des grandes perches ferrées : la première où Manu manoeuvre le futreau Tresse-Allier de la levée arrière, la seconde avec Jean-Marc en renfort. La remonte s'effectue alors en marchant dans le bateau et en se croisant. Cette dernière technique, lorsque le couple de bourdeurs "s'entend", est la plus efficace contre le vif courant de l'Allier.

Marque à Manuscrit    

 

 

 

 

Voir les commentaires