L'Allier, à l'aube, vue du grand mât de fête (photo j-m duroure)
A la veille du premier de nos concerts de Noël, Embraud bouillonne de toute part. Au four de la vieille maison, on s'affaire à la cuisson des ribates, en bas sur la rivière, on anticipe la "redescente" des eaux, dans la grande salle Fublène répète, tandis que brûle la taille de nos "bouchures" de limites.
La toue Pénélope a retrouvé tout son potentiel et sa mésaventure est aujourd'hui un souvenir. La voici croisant entre la motte Veuillin et l'île du Veurdre, sur une rivière qui a repris son allure de grand axe sud / nord.
Pic de l'afflot le 25 novembre à 14 heures : + 1,74 m au pont du Veurdre (photo m paris)
Embraud à midi : cote 1,72 m. La rivière monte encore mais s'incline légèrement à la baisse au pont Régemortes à Moulins. On nous signale une grande toue coulée au pont de Nevers.
Ci-dessous, au large de nos bateaux, un grand vaisseau désarmé file vers la mer en silence...
La rivière "roule" et écume depuis son sud d'origine. Elle a atteint ce matin un positif d'1,15 m à l'échelle de crue du Veurdre, soit un sursaut d'1,50 m depuis samedi. Tout à l'heure, il a fallu vider et déplacer nos bateaux vers la gare des crues, rue de la Chaîne. Heureux nous sommes de n'avoir pas eu à faire la remise à flot de samedi dans ces conditions !
Il faut maintenant surveiller l'amont, car l'Allier vient de franchir son niveau le plus haut depuis 2009 à Saint-Yorre. On peut évaluer à une vingtaine d'heures l'onde qui arrive de Vichy.
La rivière n'ayant jamais remonté depuis juin, elle charrie actuellement un "matériel" très divers abandonné sur les grèves et les berges depuis l'été dernier. De la paire de chaussures au sac en plastique, à l'instant plusieurs grands peupliers secs. En face d'Embraud, l'embâcle de tête d'île monte doucement en pression.
Comme prévu, de bonne heure ce matin nous mettons tout notre coeur à remettre à flot un bateau de service polyvalent, peut être le plus indispensable à nos activités de découverte et de partage. Cette toue ne mesure que 8 mètres, mais elle est venue nombre de fois en aide pour des hommes et des bêtes en désarroi. Aujourd'hui, c'est elle qui a besoin de nous.
Coulée à fond depuis la semaine passée, ce n'est pas un acte de vandalisme et le scénario est probablement le suivant : dans la nuit de lundi à mardi, des vents soutenus venus de nord-ouest ont traversé le Bourbonnais. En prévision, une ancre arrière avait été disposée pour empêcher le train de remonter en solitaire, poussé par le travers. La toue en remorque du Lion est alors venue s'accrocher par un espar à la ligne de cette ancre occasionnant une gîte longue et inappropriée pour en finalité embarquer l'eau de la rivière.
Bien sûr, ce genre de péripétie n'arrive jamais au mois d'août ! Après un demi-tour entre deux eaux, le bateau est tiré avec peine sur la grève
La remise à flot en images...
Comme toujours en ce cas, quelques éléments de plancher et de pont sont partis à gré d'eau. La fin du film ci-dessous montre un équipage qui s'embarque en recherche sur un bateau qui était au fond des eaux au début de cette journée.
Fin de journée. Un petit tour par la rivière pour voir si tout va bien. A priori, pas de souci, les eaux sont basses, le ciel est couleur novembre mais il ne nous tombe pas sur la tête. C'est sans compter quelques éléments fortuits et pour l'heure inconnus, dont l'enchaînement conduit un de nos bateaux au fond... Seul, le renflouement n'est pas possible, il faut écoper plus vite que la rivière n'entre. Donc, si cette toue veut s'accrocher à la vie, à samedi !
Fabuleuse scène de rivière en 1848 : une toue cabanée et un grand futreau, des perches ferrées plantées en grève. Détail d’un carnet de croquis d’Henri Harpignies (Musée des Beaux-Arts de Valenciennes), présenté au Musée de la Loire à Cosne jusqu’au 26 novembre 2016.
La volonté de ce matin : pose de rayonnages à la Maison de la Batellerie. Une petite équipe pour ce rendez-vous, monte par la rivière, depuis Embraud jusqu'au pont du Veurdre. L'occasion d'une reconnaissance du passage des eaux sur ce détroit de deux kilomètres. A la cote - 0,78 m, l'équipage confirme la présence à galarne de pierres de taille, peut-être les restes d'un naufrage. En rive mar, se révèle à fleur d'eau le fût équarri d'un grand chêne. Comme la varangue retrouvée il y a quelques années, une ancienne crue a probablement traversé un chantier de marine riverain et emporté ce bois ouvragé. Plus à l'amont, nous retrouvons les piliers de bois de notre pont antique. Une première pour Gilles. Mais l'apparition de l'alignement dans le lit de l'Allier reste toujours particulier. Combien d'armées, combien de chariots, de troupeaux ont franchi cette vallée en ce lieu ? Un peu avant d'arriver, les restes d'un ancien seuil nommé ici chevrette provoquent encore quelques remous. A l'époque, on pensait qu'elle assurerait en tout temps le mouillage du port du Veurdre.
Dans la tradition des graffiti de bateaux réalisés dans le calcaire d'Apremont, voici celui de Jean-Christophe Grossetête version chêne ! Il se cache dans un des confins du domaine d'Embraud...