Lundi 3 février 2020 : Suite de Réflexion à propos des différences d'amplitude importantes de la rivière Allier (par Jean-Christophe Grossetête)
Les bateaux
Ils ont des tailles et des volumes variables en fonction des utilités pour lesquelles ils sont construits mais comme ils circulent tous sur la rivière, dont certaines caractéristiques ont été précédemment évoquées ils partagent des critères. Du fait des variations de débit et de hauteur d’eau il leur faut un tirant d’eau le plus faible possible pour qu’ils soient efficaces à transporter du fret sur le plus de jours possibles et donc il faut des fonds plats et des bords évasés, poussée d’Archimède oblige.
A l’avant, en proue on distingue le plus souvent une levée qui permet d’aborder dans un maximum de circonstances tandis que la poupe, c’est-à-dire l’arrière est, surtout pour les grosses unités dit à "cul carré" alors que beaucoup des unités moyennes se terminent en demi-levée. En version primitive on parle de bateaux monoxyles, qui à l’instar de nombre de pirogues étaient taillés au feu et à la hache dans le fût d’un seul arbre…
Etant conçus dans leur grande majorité pour ne faire qu’un voyage vers l’aval, ils étaient constitués des matériaux disponibles à leur point de départ où on les fabriquait en grand nombre et construits de façon à être aisément déchirés peu de temps après leur sorties de l’eau et mises au sec. Ainsi le contenant s’ajoutait au contenu dans les transactions !
Evidemment les bateaux d’aujourd’hui, s’ils gardent les formes, les proportions et les composants de ceux d’antan, sont conçus pour d’autres usages et donc une durée d’utilisation longue, d’au moins 20 ans, si toutefois les propriétaires leur accordent des soins quasi quotidiens, comme c’est le cas au pied d’Embraud.
La première unité acquise par les chavans, le bachot Mathilde, issu du travail de Guy Brémard, un 5 m (de long) témoigne bien de cette attention permanente puisqu'il a été construit en 1992, soit l’âge respectable de 28 ans.
C’est l’unité de base dont les dimensions sont démultipliées pour décliner des nacelles de taille plus importante, à savoir les fûtreaux (7 à 10 m), les toues, les chalands aussi appelées selon le bois dont elles sont faites, chênières ou sapinières.
Hors-du-Temps,
ou la Gabrielle, des « brémard »
ou le Tresse-Allier, un Thévenin-Durin sont bien représentatifs des fûtreaux,
alors que le Lion d’Or,
un « benoît dit Bibi » est à ranger dans la catégorie toue cabanée.
Si bachots et fûtreaux s’accommodent de quasi tous les débits de la rivière, les étiages peuvent mettre durablement au chômage les unités plus lourdes… Parfois motorisés ils évoluent au fil de l’eau à la patouille pour se maintenir dans le courant et la lame d’eau majeurs, aux avirons
et à la bourde pour accélérer la descente ou pour remonter le courant ou encore se maintenir lors d’une traversée par un bac,
et pour ceux qui disposent d’un gréement à la voile, si le vent veut bien permettre les allures portantes en soufflant, du Nord, de galarne sur l’Allier.
En pratique et selon les besoins on combine ces différents modes de propulsion. Les vents dominants sur notre région sont d’Ouest alors que la rivière coule du sud vers le nord ce qui réduit les occurrences (attestées) de remonter vers Moulins avec à la fois suffisamment d’eau et la bonne orientation d’Eole. Sur la fin de la grande histoire batelière, les inexplosibles comme aujourd’hui avec les moteurs, on s’affranchit de la contrainte vent.
Jean-Christophe Grossetête