Ce matin, froid et pluies éparses comme ils disent... Néanmoins, il suffit de l'avoir décidé, de la même volonté que nous nous sommes immergés dans l'Allier au premier jour de l'an, aujourd'hui nous démontons les planchers de la grande toue afin de retirer les amas de feuilles de l'automne passé. L'opération est ingrate mais nécessaire au bon fonctionnement de la pompe de bord qui, malgré sa petite taille, a en notre absence une fonction vitale. Anne, Cécile, Nelly n'ont pas rechigné à la tâche.
A l'heure de midi, en juste récompense, l'ancre est levée pour rejoindre la belle île du Ponsut et déjeuner à la chaleur des réchauds et lanternes. Au plus chaud, en cette glaçante journée d'hiver, le thermomètre de la cabane affichera 21° !
L'occasion aussi de confirmer nos itinéraires de transports publics qui, nous l'espérons, reprendront un jour...
Finallement l'onde passe à 2,01 m ce qui en nos terres n'est point une crue, la rivière ne quittant pas son lit mineur. Il n'empêche que ces eaux font grand ménage des rives, comme ces gigantesques arbres morts que le courant emporte et dont on craint toujours l'encastrement dans nos chaînes ou cordages d'ancres...
En ce dernier jour de l'année, à signaler une rencontre rare avec ce grand castor qui paraissait un peu déboussolé par ces eaux puissantes et nous pouvons imaginer que sa hutte inondée l'a peut-être contraint à se montrer moins prudent...
Il fait froid et humide, un crachin incessant dans les lunettes, mais la rivière Allier ce matin est vivante et marchande. Voici un petit tour entre Embraud et le bec de Bieudre, juste le temps que la pompe de cale de la toue Pénélope fasse son ouvrage et de ressentir toute la puissance d'un fleuve aujourd'hui...
Elle n'est ni vraiment à la hausse, ni débordante, mais elle va puissante ! Nelly se rappelera pour toujours de ce 7 décembre et ses compagnons de rivière aussi... Résumons laconiquement ces minutes de grande peur : deux grands arbres mi-flottants sont venus embrasser, comme on le craint quelques fois, le gros cordage de l'ancre du Lion, que ce dernier s'est vu déraper sur plusieurs dizaines de mètres, qu'il faisait froid, très froid, après une chute solitaire dans l'eau d'hiver et que la batelière à tenu bon de longues minutes... Merci à Dylan et Stéphane pour le coup de main de fin de journée sous le ciel le plus détestable qu'il soit !
photos nelly perret
Ci-dessous, ambiance de la rue de la Chaîne quand rien ne va bien...
Un frémissement d'élévation des eaux auquel on croit à peine... Même si nous sommes par obligation, assidus du site internet Vigicrues, au moins pour noter la tendance en Auvergne et aux extrémités sud du Bourbonnais, nous savons que lorsque la rivière frôle le premier barreau de notre véritable échelle (en bois) de la rue de la Chaîne, il devient probable que notre grand bateau à la devise Lion d'Or puisse bientôt lever l'ancre.
Cette grande toue de 13 mètres nécessite bien-sûr des eaux marchandes et portantes de sécurité qui font défaut depuis bien trop longtemps. Après avoir été contraint d'annuler nos voyages publics des samedis matins devant une magnifique rivière navigable, s'en est suivi un long étiage dans lequel notre ancien fleuve semble s'installer nouvellement et durablement ! Mais il demeure des lumières intemporelles et incroyables qui nous relient encore à l'histoire de cette ancienne marine, une fois encore captées par Nelly Perret, vigie du bocage fluvial et de plus en plus "affûtée" aux manoeuvres batelières.
En cette fin de semaine, nous retrouvons notre bateau à l'ancre paisible de la pointe aval de l'île du Veurdre, ne pouvant plus depuis quelques temps rejoindre les rives d'Embraud. Nous croisons Marie-Jo et Philippe en petite randonnée auxquels nous proposons un raccompagnement par voie d'eau jusqu'au pont du Veurdre.
Débute aux yeux de Cécile une remonte lente et concentrée à la recherche d'une route sinueuse, très proche au-dessus des sables. Le pilote en sa place, ne peut rien voir et doit, soit se souvenir du mieux possible des passages empruntés, soit donner sa confiance lorsque c'est une reconnaissance comme en ce jour. Une patiente et nécessaire conscience avant toute entrée d'un public en bateau, car les eaux basses pourraient sembler rassurantes si nous oublions qu'elles n'induisent aucune marge de manoeuvre.
Nos passagers impromptus déposés sous l'arche de "mar", nous tentons l'endremage du pont du Veurdre pour une halte à l'amont et voir la tombée du jour face à l'ancien quai des inexplosibles et au château de la Baume.
La route du retour doit être maintenant en mémoire, trois séries de pilots de ponts antiques sont franchis dans le silence comme toujours.
Le Lion file maintenant à belle allure jusqu'à retrouver en pleine rivière deux autres de nos bateaux à l'attente, vite câblés en train et poursuivre à la dernière lumière vers les rives d'Embraud. Le convoi, après un retournement délicat proue à l'amont, jette l'ancre sous une petite grève vierge de pas pour la nuit.
Reconnaissance du 13 novembre à l'aval d'Embraud sur la toue Pénélope
Afflot qui sent l'automne (+ 0,50 m à l'échelle du Veurdre). La batellerie de Loire est entière réunie à Orléans pour les grandes fêtes de la confrérie. L'Allier, par ses eaux puissantes de la semaine va contribuer à sa façon à la splendeur de ces rencontres.
Lundi dernier au soir, deux camarades de marine, Patrick Unterstock, batelier du Ried en Alsace et son ami Pierre Fédy, batelier de Saône ont fait halte à Embraud. Un détour de coutume pour échanger quelques nouvelles de nos vallées respectives. Le point commun de ces garçons avec les chavans, c'est le bâton ferré, outil dont chacun excelle dans le maniement. Patrick à l'habitude de gagner les courses du Festival de Loire et plusieurs fois nous avons fait second en ces rencontres, ce qui n'est pas si mal lorsque l'on connait la puissance du garçon !
Ci-dessous, deux photos de Nelly Perret qui nous font remonter le temps, rappelant toute l'incertitude des équipages à la remonte, quand après avoir croisé les grandes villes ligériennes, ils pourfendaient les eaux bourbonnaises bien plus sauvages à la recherche de quelque ancrage rassurant pour la nuit à venir...
Il y 10 jours à peine, le futreau Tresse-Allier était retourné sur la grève pour goudronnage, juste avant que la rivière ne remonte...
Ce jour de janvier 2005, le ciel était tourmenté et inquiétant, l'Allier montait fort et vite, je me rappelle qu'elle m'a aidé à ramener une ancre au bord, de l'eau bien au-dessus de ses bottes. Manu
Ci-dessous quelques mots de Jean-Christophe Grossetête, bulldozer sensible aux multiples facettes et fidèle correcteur de ce blog. Il évoque la petite dame, la maman de beaucoup.
Salut
Beaucoup de peine et de solidarité pour vous tous et Mémé Chavans, petit bout de bonne femme magnifique et si grande Dame qui vient de tirer sa révérence, abandonner sa coquille charnelle qui la martyrisait depuis déjà trop de temps et nous confronter désormais au manque de ses jugements affûtés, de son autorité intense et débonnaire, de sa tutelle précieuse, avisée, humble et savante, à son absence avec laquelle il va néanmoins falloir poursuivre.
Bonne graine qui a généré tant de belles personnes et de bonnes choses, elle mérite de reposer en paix.