Cécile et Nelly au relevé d'ancre. Elle est lourde, le verdon est vaseux et glissant et il pleut. Ici les filles n'ont pas de place de choix !
Aujourd'hui, ce sont deux voyages publics qui nous attendent. Le temps est maussade et les eaux encore puissantes.
À peine avons-nous levé l'ancre qu'une pluie fine et agaçante s'est emparée du bateau et de ses gens. Mais aucun, motivé par le partage pour les uns et par la connaissance d'un monde pour les autres, ne donnerait sa place ce matin. La rivière à aussi cette allure, inquiétante, aux aspects irréductibles pour courir à l'océan...
sur le chemin de la rivière Allier, arrêt à mi-pente de la vigne d'Embraud
... la planche et c'est "l'entrée en bateau"
photos cécile paris et nelly perret / la chavannée
En fin d'après-midi, Manu et Abel partent à la recherche de futurs bâtons de gaffe. Sur les bords de Bieudre, une pousse sauvage de grands bambous (réchauffement climatique oblige) fait leur bonheur. La résistance de cette graminée est incroyable !
Jeudi prochain sera la 29ème Fête de la Rivière. Depuis ce matin, sous la pluie continue, les engins de taille de haies ronflent de toutes leurs lames sur le domaine d'Embraud, en passant par la vigne jusqu'à la rivière bien sûr...
Les eaux sont plus que "marchandes", coulant à "plein chantier" comme on dit. Pour une allure égale, il faut remonter à 2016 ! Pour autant, ce n'est pas encore la crue.
Avec 15 cm de niveau perdus depuis la semaine passée, nous ne pouvons proposer de voyage public sans une reconnaissance de rivière préalable, le but de cette matinée. Un vent de soularne (sud) modéré à fort rend la navigation compliquée, ralentissant grandement le retour. Néanmoins, à cette hauteur d'eau, considérant aussi que ce sera notre limite sur le parcours proposé, il sera possible avec un léger aménagement de route, de lever l'ancre dans un contexte public.
11 heures, de retour de cette reco matinale, nous saisissons l'opportunité de temps de remonter en direction du pont du Veurdre et de prendre note du déplacement des sables depuis l'année passée. Avant midi, nous laissons l'île du Veurdre à mar pour rejoindre la rive nivernaise et le hameau de Chambon. Un havre de choix accueille le grand bateau, face à la maison de notre amie Anne qui, à notre (trop violent !) coup de sifflet, nous rejoint pour partager ce que chacun aura apporté ou cuisiné.
La pluie succède au vent, mais la température de la cabane est toujours aussi douce et parfaite. Il est l'heure de rejoindre Embraud et de tenter une nouvelle réparation de fortune du futreau Hors-du-Temps. Jean-Marc ne lâche rien et motive par force la petite équipe présente... La Fête de la Rivière est pour trop BIENTÔT !!
photos nelly perret
Fin de journée avec le jeune Abel : vocabulaire des différentes parties du bateau et initiation au premier noeud batelier à maîtriser, la chaîne anglaise, un nouage de confiance et larguable à l'instant.
C'est avec un niveau pour ainsi dire à zéro de l'échelle des crues du pont du Veurdre que ce 3ème voyage public s'apprête à lever l'ancre.
Comme à l'habitude, le groupe est accueilli dans la cour d'Embraud le domaine des Chavans. Le voyage débute dès l'entrée dans la vigne qui domine de la plus belle des situations le Val d'Allier. Un petit rappel sur la source de cette magnifique rivière et de son parcours jusque devant nous.
La toue rejoint l'île du Veurdre, unique par sa taille, plus grande même que l'île Boyard devant Sancerre sur la Loire. Quelques mots sur les célèbres chantiers à bateaux du Veurdre et le choix de la devise de notre bateau Le Lion d'Or...
Le bateau file maintenant face au vent de bise, glacial et puissant. La cabane semble nous appeler...
C'est en pleine rivière, mais bien au chaud, que quelques histoires (vraies) de cette ancienne batellerie sont contées
Dans l'après-midi, chavans toutes générations, embarquent pour une action de ramassage des plastiques provenant sans douter de la périphérie des villes amonts que sont Vichy et Moulins à la suite des afflots puissants du début du mois d'avril. Cette action a été réalisée avec l'autorisation du service Envrionnement de la DDT et l'aide du Conservatoire des Espaces Naturels de l'Allier, la grève concernée étant réglementée par un arrêté de protection de biotope.
9 heures, alors que Manu prépare le Lion d'Or à un appareillage imminent, Jean-Marc, Pierre et Nelly ne veulent s'avouer vaincus devant Hors du Temps à fond depuis le 1er avril dernier. Entretemps démâté par Jean-Baptiste et David et désarmé de sa piautre, il semble vouloir quitter ce monde de surface... Mais la fraîche énergie matinale et la promesse d'une belle journée suffisent encore une fois à dégager notre grand futreau de sa gangue de limon et d'eau. Une brèche importante sur le fond se révèle. Nous tenterons encore la pose d'un palâtre. La nacelle est conduite provisoirement au-dessus d'une grève sableuse plus accessible et prochainement découverte.
10 heures, nos passagers du jour entrent en bateau.
Après une courte présentation de l'association et de l'histoire de cette grande toue, nous rejoignons le bec de Bieudre où l'ancre sera jetée quelques instants. De riches échanges fusent alors, car aujourd'hui un archéologue fluvial fait partie des passagers !
Arrêt en rivière magique devant les terres réunies du Ponsut, Mauboux et du Bouy, à cheval sur les départements de l'Allier, du Cher et de la Nièvre. Ici, la nature est reine, on écoute et on regarde...
Plus tard de cette belle journée, en pause surprise de l'Après-midi découverte d'Embraud pour les enfants, Manu évoque l'ancienne batellerie sur le Lion d'Or ancré à quai !
La fin d'une vie de bateau est toujours hautement romantique et triste. Hors du Temps, 28 ans, notre grand futreau s'est endormi aujourd'hui dans son lit de rivière, usé du temps qui passe, des canicules nouvelles, des tempêtes et afflots violents. Précisons en ce jour que le chavan marinier est le plus souvent dépourvu d'humour et que ce naufrage bourbonnais n'est malheureusement pas un poisson d'avril !
photo Jean-Baptiste Paris
Message de Jean-Christophe Grossetête :
Terrible info qui pose un jalon redouté quant à l'identité batelière à la voile des Chavans "chient-dans- l'ieau" qu'Hors-du-Temps incarnait et manifestait majestueusement, puissamment et avec une grande élégance aux diverses et nombreuses occasions dont il était de loin la vedette, docile aux mains et manœuvres de ses équipages. Guy Brémard, qui l'avait construit avec tant d'autres pronostiquait une durée de vie de 20 ans à condition d'être en très bonne compagnie, il en aura fait presque 10 de plus exonérant ses patrons de tout reproche. En dépit de ce rude coup, l'aventure ne va pas pour autant cesser, car sans lui le show must go on... Il reste plusieurs unités dans la flotte et la rivière continue de couler...
En peine certes, mais haut les cœurs !
J-C G
Après plus de 10 ans de rivière, soleil et sable, nouveau jas pour l'ancre du Lion d'Or réalisé par David.
La rivière Allier est repartie à la hausse et les arbres antiques redécollent... Garde aux câbles et chaînes d'ancres ! L'accompagnement est préférable à la lutte.
Ce matin, la plupart des chavans sont partis faire moisson de javelles dans les vignes de Sancerre pour de futures mises à feu du four d'Embraud. Les pluies diluviennes de la veille et de la nuit obligent une permanence. L'occasion de quelques bricolages aux sons de l'instant et du lieu et d'un peu de "sec" pour nos moutons naufragés sur l'île en face. Embarquement pour un bac aller-retour à l'aide du vieux 5 mètres...
22 heures : déluge d'eau sur le Nord Bourbonnais...