Aujourd'hui, jour de Brandons à Embraud, c'est un déluge d'eau et de vent qui s'abat sur le Bourbonnais nord. Chacun de nous pense à ce grand tas d'épines, de ronces et de rames de chêne, rincé jusqu'au plus profond, qui doit s'embraser ce soir et emporter dans les limbes Carmentraud. C'est pas gagné !
Pour l'ambiance du jour, voici quelques images animées dont les premières évoquent sans doute l'origine de nos vieux chemins. Vous êtes presque dans le ventre de la terre, à l'abri du vent et de la pluie, dans l'ancien chemin dit de Jeanne d'Arc. Une "rue creuse" comme on les appelle ici, créée par les eaux de ruissellement des siècles passés. Encore quelques centaines de mètres et elles rejoindront la rivière Allier.
Dans l'après-midi est prise la décision d'embarquer les animaux qui vivent sur l'île d'Embraud, car la rivière, à "plein chantier", a fait un sursaut à Châtel (notre point de référence amont) et les terres ne peuvent plus rien absorber. Tous les paramètres d'une sortie de lit sont réunis. A suivre.
Les Brandons approchent, samedi prochain, nous fêterons avec vous la fin d'un hiver que nous attendons encore.
Ce matin, Embraud s'anime de plusieurs chantiers, les trous du chemin sont bouchés, les bouchures sont taillées et la feurtasse déposée vient grossir le bûcher.
Fublène répète pour le bal, la halle est débarassée pour les danseurs, les bateaux sont écopés et, sous le hangar, Grand Dom entretient le Bel Orléans.
Les rivières Alagnon, les deux Couze (Pavin et Chambon), la Sioule, tous affluents amonts de l'Ouest "tressaillent" depuis samedi. Effet : une Allier à la hausse dans les heures à venir. Ajoutons un frémissement de notre Bieudre qui "roule" l'ocre depuis dimanche, il n'en faut pas plus pour s'assurer que les bateaux chavans sont bien vides d'eau et parés à cet afflot.
Ci-dessous, quelques lentes images de cette atmosphère qui précède l'arrivée de l'onde du midi.
C'est par ce ciel magnifiquement tourmenté, saisi par Frédéric Mourier, que cette journée s'est achevée.
Elle a débuté avec le 3ème "voyage intérieur" et public de notre grand Lion d'Or. 8 personnes embarquées de diverses communes plus ou moins alentours : Nevers, Saint-Pourçain-sur-Sioule, Bourbon-l'Archambault, Neure, Lurcy-Lévis et Château-sur-Allier. Il ne faisait pas chaud, c'est vrai, mais ce fut l'occasion lors d'un arrêt en rivière, de tous se serrer autour de la table de la cabane, bien au chaud. Moment fort et chaleureux, autour d'une bonne pompe-aux-grattons.
Evoquant l'ancienne conscription de nos bateliers dans la marine royale, Freu, Gros Fred et Manu ont fait sonner un viril "dix-huit d'octobre". Une chanson qui rappelle tous ces départs du pays haut vers la grande mer et ses arsenaux.
Après le retour de cette "compagnie" au pied des talus d'Embraud, le Lion d'Or a continué sa route en direction du Veurdre, à des fins de reconnaissance pour de futurs voyages. Malheureusement, rendu en ce lieu, aucun mouillage sûr ne permettait de laisser notre nef plus d'une nuit. Depuis plusieurs années, des embacles se superposent en châteaux de bois instables contre les piles du pont. Ils augurent de funestes et imprévisibles ruptures. La pointe de l'île d'Embraud redeviendra demain notre havre le plus juste.
3ème voyage de la toue Le Lion d'Or (photo jean-marc duroure)
Rue de la Chaîne au matin. Quelques coups d'écope et c'est parti pour une vive transversale sur le petit bachot. Il est l'heure d'engager en retour un bac pour la grande toue et l'accoster proprement en rive bourbonnaise. Là-bas, du côté de l'Orient, la brume s'élève doucement en nuées vaporeuses et n'augure point de grands éclats de l'astre. La rivière aujourd'hui est une autre personne...
photo manu paris
Les "outiaux" sont disposés sur la levée du Lion d'Or, prêts à faire feu : trois solides et grands bâtons ferrés, complétés d'un duo de gaffes. La "planche" et le pont rendus très glissants par la nuit juste passée, sont recouverts de vieux sacs de jute.
"Outiaux", "verdon" et ancre sur la levée du Lion d'Or
Aujourd'hui, c'est le Berry qui s'embarque ! En effet, trois familles du Cher ont fait part de leur réservation après nos messages sur les réseaux sociaux comme l'on dit.
Il est vrai, qu'il faut être réactif, car il est rarement possible de fixer un embarquement plus de deux jours à l'avance.
Nous avons d'ailleurs l'honneur de faire "entrer en bateau" Madame le Maire de Neuvy-le-Barrois et sa famille, dont l'intérêt pour le patrimoine n'est pas un vain mot !
Intérieur de la cabane
Gros Fred a soignement préparé salaison, harengs et petit blanc dans une belle vannerie recouverte de son linge.
En vue du manoir du Bouy
Tandis que Manu pilote au plus près du talweg, Freu et Fred partagent leur vision de la rivière et de son histoire. A cet instant, la nef est en vue du manifique manoir du Bouy, qui toise de sa hauteur et depuis des lustres la voie des commerces anciens. Bientôt nous ferons halte à la pointe de l'île de Mauboux.
Le Lion d'Or et ses "voyageurs" jettent l'ancre devant la grève aux cigognes (photo jean-marc duroure)
La toue cabanée de la Chavannée (photo christian oberto)
A bord de la toue le Lion d'Or (13 mètres). Embarquement au départ d'Embraud (Château-sur-Allier) à 10 H 30. Réservations par mail (lachavannee@orange.fr) ou par tél (04 70 66 43 27). Adulte 7 € / moins de 12 ans 5 €.