5 novembre 2014
Fin de journée : mise à sec du futreau La Gabrielle
Fin de journée : mise à sec du futreau La Gabrielle
Equipage du jour : Fred Mourier et Fred Berthet
Alors que se succèdent les cris et les immenses V des grues filant plein sud au-dessus de la vallée, ce samedi, comme de coutume une à deux fois l'an, nous nous embarquons dans le même sens en direction du pont du Veurdre (nous n'avons pas les mêmes valeurs !)
Le projet modeste mais néanmoins utile étant de rapporter en pays chavan une provision de perches de bambou de toutes tailles, propre à servir notre marine en gaffes et bourdes d'appoint. Ne nous y trompons pas, même s'il est vrai que nous avons une préférence pour manier les perches de pin ou douglas, les grands "bâtons" de bambou font partie de nos paysages depuis très longtemps et le réchauffement probable de la planète n'y est pour rien ! En effet, on situe l'arrivée du bambou de Chine, en France, quelques années avant 1850.
Remerciements spéciaux à Benoît et Amandine, les "nouveaux gardiens" du pont de l'Allier et propriétaires de cette "forêt" de grandes et fortes graminacées.
Sûrement que les beaux jours tirent leurs dernières cartouches... Demain, les eaux seront hautes et nos perches légères et courtes n'y suffiront plus. Ne dit-on pas "sans fond, pas de marine" ! Manu déligne au rabot une grande bourde de 5 mètres, de quoi traverser une rivière en hiver.
Jacky, l'homme du fer, et son fils Christophe, ont réalisé cette semaine quelques pointes et gaffes d'avance. La grande perche ferrée mérite une pointe sur mesure. Les ateliers Griffet sont sur l'affaire.
Dessur la rivière, travailler quelque complainte pour faire sonner la cabane...
Comment, par cette lumière et cette douceur, ne pas lever l'ancre ce matin ?
Une toue et un futreau sont vite préparés. S'en suit une petite visite de nos alentours fluviaux.
Si le plaisir est bien là, et de nous retrouver et de naviguer, cette "errance nautique", pourrait être aussi nommée plus virilement "patrouille batelière". Car il est un fait que nous devons chaque semaine, maintenir la connaissance des eaux libres et nos instincts de marine. Il faut juger d'un fond, baliser une souche, repérer la présence d'un arbre voyageur, ou mettre en sac quelques restes de plastiques d'un "barbekiou" salopard. Néanmoins, il n'est pas à douter que notre pacifique occupation de terrain réfreine nombre de folles sottises inséparables des beaux jours !
Freu, Marjo et Grand Fred à la remonte
Hors du tourisme de masse, les chavans et leur grand bateau, sont toujours prêts à partager l'émotion de naviguer sur l'Allier et d'en raconter quelques histoires.
Cet après-midi, alors que la rivière nous gratifie toujours "d'eaux marchandes", embarque un groupe du foyer de vie Bernard Fagot, de Saint-Amand-Montrond. Encadrés par Isabelle, ces hommes et femmes quelques peu désemparés par notre société nous montrent une grande sensibilité et pour certains du courage à "entrer en bateau" !
Cette année, 15 stagiaires, venus de tous lieux de France et même de Hollande, choisissent la "matinée batellerie" du dimanche.
Après l'embarquement rue de la Chaîne et une "remonte" en direction de la pointe de l'île du Veurdre, le bateau est ancré quelques instants au milieu de la rivière.
Des minutes de passage, entre terre et eau, qui désorientent gentiment nos visiteurs. Dans la brume d'octobre montante, se devinent la douce rive nivernaise à galarne et la rive bourbonnaise plus abrupte, à mar.
La vie de l'ancienne marine est esquissée : les "charpentiers en bateaux" du Veurdre, les voyages des biens et des personnes, leurs destinations, les naufrages, etc...
Tôt ce matin, une petite équipe est partie en direction de l'île du Ponsut. Mission : préparer une pose chaleureuse et insolite de mi-matinée.
Marjo, Gros Fred, Freu
Un léger vent de soularne traverse les grands arbres et aide à la mise à feu du bûcher
Jambons secs, fromages et brioches sont disposés et attendent nos voyageurs embarqués.
Alors que le Lion d'Or est en approche, le crépitement et les odeurs de brindilles et bois secs parviennent à bord. L'équipe du bateau interpelle celle de l'île par quelques sifflets puissants...
Pointe de l'île du Ponsut
Samedi prochain 11 octobre, c'est le stage des chavans, avec sa matinée batellerie. Gros Fred, Manu et Freu ont préparé un joli feu pour réchauffer les âmes au cas où le soleil viendrait à faire défaut. Cette clairière, "hors du temps", se situe à la pointe d'une île d'Allier, dont l'accès est aujourd'hui encore dans le secret ! Ce sera un beau cadeau des chavans bateliers à leurs hôtes embarqués, une mise en ambiance pour évoquer des histoires de rivière.
Depuis de longs mois, Grand Dom, le "routier métallo", travaille à la rénovation d'une grande (le mot est faible !) remorque à bateaux. Pour la première fois, les chavans la découvrent et comprennent toute la fierté de l'homme !
A l'égal de nos grandes cornemuses jouant pour les jours heureux et tristes, le grand bateau de la Chavannée est présent. Sur l'heure de 4 du soir, en réponse à la volonté d'un des siens disparu, une famille bourbonnaise entre en bateau pour lui rendre un dernier hommage, au milieu de la rivière.
En fin d'après-midi, Steph le Sapeur, Va-d'Bon Coeur la Charpente et Manu accueillaient au port d'Embraud, la fin d'un stage "nautonnier" organisé par les sapeurs-pompiers professionnels de Moulins.
Très chaleureusement, un échange d'expérience de la rivière s'est établi. Un duo à la perche sur le futreau Bel Orléans a démontré toute la capacité de ce type de bateau à évoluer, tant par son passage en eau peu profonde que par sa manoeuvrabilité.
Il fut question de "lecture" de l'eau, d'une utilisation judicieuse du courant pour, par exemple, traverser la rivière avec un minimum d'énergie et les niveaux des grandes crues passées furent évoqués.
L'arrière saison s'installe, magnifique et douce.
La plus belle des lumières appartient à ceux qui se lèvent tôt. Celle, oblique, qui révèle l'éclat des graviers au fond de la rivière et dévoile quelques instants les poissons argentés...
C'est le retour des travaux d'automne. Avant midi un feu de "rapaçes" sera consumé, le support du barriau de la vigne sera remplacé et un "échailler" stable permettra le franchissement de la "bouchure" mitoyenne. C'est un beau jour aussi pour le futreau Tresse-Allier qui rencontre pour ses soins, Thibaut le charpentier.
Grand Dom "visite" Bel Orléans
Fred Mourier
Partis il y a peu au fil de l'eau, Thibaut confectionne de nouveaux caillebotis
Entrée de la vigne, côté rivière
En fin d'après-midi, Jean-Baptiste donne quelques conseils à son ami qui s'exerce à plusieurs remontées en bord de grève. Un bac réussi finalise cette journée.