C'est le jour des Brandons, ce soir nous sauterons le feu... L'énorme tas de "rapaces" est prêt. En attendant, Jean-Baptiste et Thibaut, nos charpentiers de métier, sont à l'oeuvre pour fabriquer le plus énorme chantier à bateau de l'Allier qui soit...
En effet, tout prochainement avec le Printemps, le grand Lion d'Or quittera la rivière pour une maintenance générale avec, nous l'espérons, le renouvellement de son titre de navigation l'habilitant à transporter des passagers.
Prémices de réarmement de futreau Hors du Temps. Cet hiver, David à confectionné une nouvelle piautre (gouvernail). Elle est aujourd'hui généreusement enduite de deux couches d'huile de lin et d'essence de térébenthine.
Il est toujours pénible de voir un bateau "à fond", encore plus lorsqu'il vous appartient. Comme chez le genre humain, la dépression peut guetter et l'envie de flotter (vivre) n'est plus là !
Heureusement, cette extrémité rendue date du mois de décembre dernier, la honte derrière nous, l'équipe qui n'a pas craint l'eau glacée a remis à flot cette toue d'exploration.
Mais c'est une fragile convalescence et la nacelle de bois est au bout de sa vie. Elle n'est plus à fond mais l'eau de la rivière y entre encore doucement, tout le temps... Même le petit Abel semble désemparé, malgré la fascination de voir l'efficacité de la petite pompe électrique reliée à quelques tuyaux bout à bout de machine à laver.
Alors, il est des joies simples, comme un matin où le suintement pernicieux semble ralentir et le vieux moteur, démarrer enfin ! Sans prendre le temps de repositionner le plancher, l'ancre à peine remontée, nous filons droit devant avec la joie enfantine de contrer le courant de la rivière sauvage. Peut-être irons-nous jusqu'à la Pointe du Sénateur, ultime bout de terre de l'île du Veurdre...
Comme un samedi immuable, les chavans se retrouvent à midi pour partager paniers et bonnes bouteilles et si cette fin de semaine est immuable elle est aujourd'hui particulière car le patriarche Jacques PARIS à 88 ans. L'émotion est perceptible, même si le baba au rhum de Cécile y est pour beaucoup !
Dans l'après-midi, sans concertation aucune, l'appel de la rivière conduit Philippe et Manu vers les basses terres de Mauboux face à la maison forte du Ponsut. Le ciel est bas, l'air est vif, un silence anormal pèse sur les rives et dans les "verdiaux". Sangliers et castors sont tout autour de nous, ils patientent jusqu'à notre réembarquement, quelques fins bois flottés en mains. Au retour, nous testons un bras de rivière non communément emprunté.
Visite de la flotte Chavan. Tous les bateaux sont alourdis de neige et pour le Lion d'Or cela représente plusieurs centaines de kilos qu'il est prudent de débarasser sans délai. Le risque : une ligne de flottaison inhabituelle et une voie d'eau possible...
Sur l'initiative conjointe du Centre Social Rural et du Collège de Lurcy-Lévis, les élèves, délégués de classe, sont venus découvrir une expérience citoyenne, celle du bénévolat au service du patrimoine historique et plus précisément de la batellerie d'Allier.
Après un accueil par Manu dans la grande salle commune d'Embraud et une présentation de l'association et ses activités très diverses, les collégiens sont conduits au bord de la rivière pour découvrir in situ les bateaux. Un succint résumé des pratiques et savoirs de ce monde fluvial ancien engage un "question-réponse" très sympathique.
Passage des grues au-dessus d'Embraud, filant plein sud, lorsqu'elles ne semblent pas perdues... Cela fait des jours et des jours qu'elles tournent dans le ciel d'hiver du Nord Bourbonnais, semblant douter cette année de la bonne route...
Nos bateaux en bois traversent les années sans quitter la rivière, été comme hiver. Lorsqu'ils doivent en sortir pour la grève la plus proche, accusant alors leur poids véritable, ils sont extrèmement vulnérables et il ne faut pas perdre de temps. Les conditions météo sont importantes, trop de soleil, les bordés et fonds fendent, trop de pluie, la rivière reprend ses petits... C'est pourquoi nous attendons toujours l'automne apaisant pour ces maintenances annuelles. Malheureusement aujourd'hui, lors de la manoeuvre délicate de retournement, malgré la promptitude de l'équipe, quelques trop longues secondes en attente sur la tranche ont eu raison de la structure. Un sinistre craquement laissant apparaître une fente à la ligne de flottaison oblige la pose d'un grand et large palâtre.
Finalement, avec la détermination de tous, là voilà prête à rejoindre la rivière, néanmoins nous décidons, en économie d'efforts, d'attendre que les eaux marchandes s'annoncent enfin.
Refaite à neuf par David, la grande piautre du futreau "amiral" Hors du Temps. Mon dieu, quelle est grande et lourde ! Et pourtant rien de trop pour compenser et équilibrer les 50 m2 de voile...
Nous remercions aussi Monsieur Pierre Monnier, pour le don du billon de piautre, en provenance des bois de Champroux à Pouzy-Mésangy. Rappelons que le grand mât de Hors du Temps provient de ces mêmes bois et qu'il est pour nous comme une grande antenne qui nous relie à l'histoire de ce fluvial Nord Bourbonnais .
La Pénélope, cette toue de 8 mètres, a rejoint la flotte des Chavans il y a déjà 11 ans. Souvent, elle a été la nacelle des sauvetages, des nettoyages de berges et de grèves, des reconnaissances délicates mais aujourd'hui la Pénélope est à fond, j'entends à fond de rivière ! Depuis quelques temps nous reculions l'échéance de l'extraire du fleuve mais ce sera aujourd'hui. Sans rien lâcher d'un vif écopage, il aura fallu à quatre moins de 10 minutes pour la remettre à flot le temps nécessaire à son rapatriement, mais l'eau entre si vite sous les palâtres qu'il faut vite embarquer, quitter le Bec de Bieudre et rejoindre la petite plage de la rue de la Chaîne.
photos cécile paris et maëva descloux
Remercions ici l'aide providentielle des Sapeurs-Pompiers du Veurdre en manoeuvre, sans qui il nous aurait été impossible de hisser le bateau.