24 mars 2018 : sur le détroit Châtel-de-Neuvre / Moulins-sur-Allier
Depuis le 18 mars dernier, deux de nos futreaux demeuraient sur ancre à l'amont de Châtel-de-Neuvre, dans le "pays" de Christian Blondet. Nous nous retrouvons aujourd'hui afin de poursuive cette descente jusqu'à Moulins. Temps doux et soleil généreux, qui tranche grandement avec la journée de nettoyage des berges du 18. La rivière est "marchande" et il n'est pas très difficile de faire le choix de route. C'est l'occasion pour des chavans plus ou moins aguerris de s'initier aux avirons. Claire, Virginie, Sophie et Philippe (pour ne pas dire que l'on ne fait ramer que les filles !) vont ce jour se succéder à ces postes. Plusieurs "acteurs" des rivières d'Allier et de Loire sont présents, outre les gars de Château (les chavans), Christian et Olivier bien-sûr, je pense à Jean Marchal, batelier de Decize et Estelle Cournez, Directrice du Conservatoire des Espaces Naturels de l'Allier avec qui nous avions partagé, il y a deux ans, une belle descente aux bâtons pour l'émission des Racines et des Ailes.
Nous voici donc embarqués pour presque 25 kms sur la section la plus "voyageuse" de la rivière Allier, là-même où son lit mineur peut changer de plusieurs centaines de mètres en un seul hiver, là-même où l'on peut laisser le clocher de l'église de Châtel s'éloigner au verso de l'horizon et le retrouver quelques encablures plus aval face à nous !
Sous un grand soleil printanier la pause de midi - Freu (au centre) partage un haddock fumé de grand choix arrosé d'un Sancerre bien sûr !
20 et 21 mars 2018 : sur le détroit Embraud / pont du Veurdre
Le vent à la remonte des eaux sous un bleu azur, autant que possible, ça ne se manque pas !
La veille au soir, avec l'aide de David, la toue Pénélope a été gréée, le "guirouet" posé sur son axe, de même pour l'aviron de queue. Avant la nuit un préréglage des commandes établi après vérification des tensions des aiguilles, haubans et verdon de mât. Fin prêt !
Echelle du Veurdre à 17 heures : + 0,73 m.
En cette fin d'après-midi, je suis seul en équipage, donc je ne cherche pas les ennuis. Je profite de la motorisation de la toue pour rejoindre tranquillement le lit du vent, ça souffle du nord-nord-est (comme prévu) modéré à fort. A la première levée, la voile claque et balance violemment de mar à galarne. Je décide de poser une gaffe en rôle de boitas (épars stabilisateur) sur l'écoute au vent. Nickel ! Nous voilà parti, la chienne Louna et moi, vers des terres plus hautes. Le froid vif de la bise s'interrompt alors car nous voguons ensemble. Je ne perçois plus que quelques craquements (le pied de mât dans son emplanture) et le tempo de la rivière sous la levée. Je pourrais me laisser aller à la méditation mais je m'astreins à rester au "taquet" de ma remontée car malgré la vive lumière du jour, je ne perçois en mon fragile royaume flottant, aucune vie humaine en berge.
Après une bonne heure de remonte, nous voici sous le pont du Veurdre - un bac pour rejoindre les quais de l'ancienne auberge de marine en rive nivernaise. Dès que possible, on passe le pont et on continue vers la Tour Barrieu...
Dimanche 18 mars 2018 : un nettoyage de solidarité dans la réserve du Val d'Allier
Ce dimanche, l'équipage des chavans répondait à une invitation des bateliers de Monétay-sur-Allier, Christian et Olivier. Ces amis de rivière nous conviaient a une action de collecte sur berges, de plastiques et déchets divers. Traces malheureuses qui révèlent le passage de la rivière dans l'urbanité de Vichy et Moulins.
La veille, profitant de grandes eaux, les futreaux Tresse-Allier et Bel Orléans étaient chargés au bas de Château-sur-Allier pour un lent convoyage routier le lendemain matin à l'aube. Avant cela, il a fallu que l'équipe du jour joue les attelages de boeufs anciens, tirant, poussant successivement, remorques, camion...
A notre arrivée à Châtel-de-Neuvre, au bout du petit chemin qui conduit à la cale herbeuse de mise à l'eau, nous voyons surgir des eaux chargées, violentes, comprimées au passage du pont. Un froid humide et une lumière basse ajoutent à l'ambiance qui porte au doute... Heureusement une sympathique et dynamique équipe bénévole nous attend avec moult bonnes choses faites maison et chaudes !
Arrivés de la veille, l'équipage de l'Association Décizoise de Sauvegarde Ligérienne vient à notre rencontre. Le gaillard Président Jean Marchal et ses "renforçeurs" nous aident dans la mise à l'eau de nos futreaux. La manoeuvre est effectuée "honoris causa" et nous leur en savons gré. Voici nos bateaux sur l'eau et dans le bon ordre, au côté de la Lisette, grande toue de 13 mètres et du Charabia local.
Nos fines nacelles demandent un équilibrage sérieux. C'est l'heure du placement des "outiaux" : une gaffe à main "mar", une paire d'avirons à main "galarne", puis le pilote place son monde pour une ligne sur l'eau à l'allure efficace.
Contre les flots, la marine bourbonnaise du XXIème siècle remonte doucement en direction du Bec de Sioule.
De loin en loin les équipes de "terre" remplissent des sacs que nous chargeons en nos futreaux à la demande. Bientôt, le Bel Orléans a atteint un chargement limite. C'est l'heure de reprendre le sens des eaux. Alors la bise cinglante est reçue comme une gifle sur les visages, puis s'engouffre par les manches et remonte jusqu'au cou, bientôt le grand virage des Plachis, le pont et notre ancre à terre.
Les "cassettes" sont posées sur les ponts, à l'intérieur un vieux tabac et une pipe, c'est bon pour les mains !
Nous laissons nos bateaux au lieu-dit Les Foncelots, au bon soin de Christian Blondet. Le voyage continue la semaine prochaine jusqu'à Moulins. Un merci spécial à Christophe de l'entreprise Griffet qui garde au chaud nos encombrantes remorques.
La Chavannée de Château sur Allier - J'aime l'Allier Propre - Monetay sur Allier.
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