Histoire d'une Epopée
CHÂTEAU / ORLEANS 2009
Depuis le dernier Festival de Loire en 2007, qui a vu la participation de notre plus grand bateau, transporté par remorque pour l’occasion, notre rêve s’est précisé à l’idée de partir à l’ancienne, comme il y a 180, 200 ans, j’entends au fil de l’eau, sans aucune motorisation.
Ce projet de voyage, dans nos têtes depuis deux ans, a motivé trois membres du groupe, en plus de quatre déjà aguerris, à s’initier aux gestes nécessaires à la marche de nos bateaux, comme le maniement de la perche ferrée.
Notre projet consiste à rallier les magnifiques et historiques quais d'Orléans, à l’occasion de ce festival batelier, depuis les hautes terres du Bourbonnais, aux bâtons et avirons. L’occasion d’évoquer une liaison très empruntée par un trafic intense et important à la grande époque : Le Veurdre / Orléans par la rivière c’était comme dire aujourd’hui Nevers / Paris par le train.
Le Festival de Loire, pour celui qui ne connaît pas, c’est plonger violemment du haut du pont George V, construit à cent mètres à l’aval du célèbre pont disparu des Tourelles, dans une perspective d’un quai de commerce fluvial au XVII ou XVIIIème siècle. C’est un choc et une grande émotion.
Au-delà de la bonne condition physique nécessaire, cette aventure est complète, alliant histoire, géographie, géologie, rythmée sur les deux cents kilomètres que nous parcourrons par des paysages immuables que seules les vallées de l’Allier et la Loire peuvent offrir, à la fois sauvages par les eaux et très humaines par les constructions et les cultures qui les bordent.
Le souhait d’avoir enfin une vraie idée d’un temps de voyage vers cette capitale batelière est un but en soi, revivre quelques sensations de notre marine de manière authentique avec les aléas que sont la pluie, le soleil, le vent ou la hauteur des eaux sera une expérience importante pour notre pratique batelière, d’autant que l’étiage 2009 est un des plus sévère.
Pour l'heure, nous nous organisons sur 4 à 5 jours, en prenant en compte des obstacles majeurs qui n'existaient pas aux siècles précédents, dont les principaux seront les suivants : Barrage des Lorrains (à l'aval d'Apremont), que nous tenterons de sauter, le seuil du pont-canal du Guétin (Cuffy) avec des passes à poissons complexes où la hauteur d'eau sera déterminante, le barrage de la centrale nucléaire de Belleville, le seuil de la centrale nucléaire de Dampierre-en-Burly.
Le barrage des Lorrains
Vigilants sur les remous, les courants et les hauts-fonds afin de ne pas compromettre la bonne marche de nos bateaux, notre plus grand ennemi sera le vent de galarne, celui de nord-ouest, bien froid, redouté hier par les anciens équipages et qui le sera pour nous de la même façon. Un vent capable d’arrêter un convoi au milieu de la rivière !
Nous traverserons des hauts-lieux bateliers tels que Apremont, Cuffy (le Bec d’Allier), La Chârité et ses redoutables arches marinières, Saint-Thibault (au pied de la colline de Sancerre), Briare, Gien, Sully, Châteauneuf, Jargeau, pour enfin voir les sommets des tours de la cathédrale Sainte-Croix d'Orléans, là même où la Loire oblique plein ouest vers l’océan, dans une courbe visible à 400 kilomètres d’altitude.
Notre équipage, composé du Hors du Temps (grand fûtreau de 11 mètres) et La Gabrielle (fûtreau de 7 mètres) embarquera au pied même des prairies d’Embraud.
Mes compagnons se nomment Jean-Marc Duroure, Thomas Mousseau, Fred Mourier, Stéphane Menconi, David Boirat, Jean-Baptiste Paris, tous motivés par ce projet qui demande certes quelques forts bras mais qui devrait aussi nous rapprocher un peu d'une histoire batelière historiquement très forte au Veurdre et à Château-sur-Allier. Communes qui constituaient à elles deux au XVIIIème et XIXème, le 2ème port par le trafic et la charpente fluviale après Moulins. Les bateaux construits jadis au Veurdre demeurent une marque de qualité aujourd’hui encore, sur les bords de la Loire, jusqu’à Nantes.
Une partie de l'équipage
Comme notre histoire est complète, nous chanterons et jouerons au bout de ce voyage sur les quais d’Orléans avec notre nouvelle formation Vent de Galarne les 26 et 27 septembre prochains.
Pour l’équipage des Chavans,
Manu Paris