Tandis que les sables de la rivière Allier se redessinent trop vite au plus loin des perspectives possibles depuis le promontoire de la rue de la Chaîne, la petite équipe forte en filles continue son travail d'entretien.
Cécile, Nelly et Anne sont aujourd'hui au chevet du futreau La Gabrielle (26 ans) qui depuis quelques jours a perdu le goût de voguer. L'initial futreau des chavans accuse son âge avec raison dans un silence d'entre-deux eaux.
Cette fin de mai caniculaire marque aussi le déplacement du train de marine vers sa gare d'été, à l'ombre d'un chêne modeste de bocage, permettant de finaliser le soin prodigué au Lion d'Or dans de plus douces conditions.
Sur la grève, le petit "5 mètres" ou "cul carré" sèche quelques heures encore avant de retrouver l'eau vive, presque neuf !
Nous demanderons alors les âmes volontaires de Sabine, Gilles et Jean-Baptiste à cette manoeuvre ordinaire mais non quotidienne car le retour à l'eau est toujours un baptême renouvelé.
Là-haut, à Embraud, d'autres chavans se sont retrouvés pour redonner au domaine l'allure des beaux jours qui appelleront dans d'autres heures les belles musiques...
Le jeudi de l'Ascension, habituellement jour de Fête de la Rivière, marque aussi la période d'entretien de nos bateaux. Soleil et vent, sans excès. Nelly, Cécile et Manu se sont donnés rendez-vous ce jour spécial pour un premier soin. Ci-dessus, les ponts du Lion d'Or après application du mélange huile de lin / essence de térébenthine et ci-dessous le bachot Mathilde (28 ans) a été hissé sur la grève.
Les îles d'Embraud balayées d'un vent de galarne (photo nelly perret)
Echelle des crues : - 0,14 m.
Premier dimanche d'après confinement et le retour discret de passionnés solitaires. D'abord, Nelly a repris son poste de vigie sur la confluence Bieudre / Allier, nous secondant aussi, Cécile et moi à la surveillance des bateaux de la Chavannée. Au premier soleil, tel un Hells Angels de la rivière, ce navigant en provenance de Joze (tout de même !) finalisant en fin de journée son avalaison à Apremont. A l'approche, le "routier" fait part de sa connaissance de l'équipage des chavans, de sa lecture du blog et de nos maniements de bâtons lors d'une Fête de la Rivière. Je lui demande s'il partage cette aventure, il me répond en homme libre d'un sourire qui veut dire que c'est le dernier de ses soucis... Au diable les réseaux sociaux !
A la dernière lumière de cette journée, c'est un autre aventurier qui m'attend rue de la Chaîne en l'ami photographe Léonnard Leroux. Il devrait être au Japon, pour cause de covid le voici en reportage sur les rives du détroit Beauregard / Embraud. Confiné deux mois dans un 30 mètres carrés à Saint-Malo, sans possibilité d'approcher la plage qui lui fait face, il emplit maintenant ses poumons du "Bourbonnais fluvial", ivre de vert et de rivière, partageant par les mots dans la carrée du Lion d'Or, les instants riches du jour.
Léonnard Leroux et son fils à bord de la grande toue des chavans
Alors que se dessine l'Après, la rivière Allier nous envoie un beau signal de force de vie par cet afflot printanier. Mâtinée d'un vent de galarne, éclatante de couleurs, elle chante à plein poumon.
Comme de coutume et dès que le tirant d'eau le permet, un retour du train à l'abri des îlots de la rue de la Chaîne est une prudence.
photos cécile paris
Il n'est pas à douter que chacun des membres de l'équipage, aura en son lieu, géré au mieux son aptitude à la patience... Voici ci-dessus transfiguré un équilibre minéral fragile et instable mais dont l'énergie contenue nécessaire à sa droiture est particulièrement pénétrante.
Comme cette commande reliée depuis le talus au Lion d'Or pour dire tu ne bougeras point, d'aucuns se posent des questions sur le devenir de nos nacelles en ce temps de confinement. Il est bien inimaginable de laisser de surcroît en ces jours sombres couler à fond nos futreaux et toues. Confinés en leur maison, Nelly, Sophie, Claire, Gilles, Gros Fred, Grand Fred, Freu, Philippe, la visite hebdomadaire de l'équipage n'est plus possible. Semblant vouloir apporter un soutien moral relatif, la nature s'est aussi conditionnée en mode chômage et les eaux ne sont plus marchandes. Depuis notre dernier voyage en bateau, aucune pluie n'a arrosé le bocage et la rivière a perdu 70 cm (voir la hauteur de berge de l'île aux chêvres). Tous les deux à trois jours les ancres doivent être déplacées et la flotte bourbonnaise, comme un glacier qui fond et recule, baisse rapidement vers son quartier d'été. Résumons : en haut, Embraud sans musique et sans chanson, les hirondelles viennent d'arriver, la rivière est calme et paisible autant que le monde humain à la fièvre !
Cécile à la recherche d'une ancre qui ne veut pas lâcher prise et l'eau n'est pas encore chaude !
Retour de bac suite "déplacement bref aux besoins d'animaux de compagnie"...
Fin de journée sur l'intemporel futreau Hors du Temps et du bleu derrière les nuages...
Pour ce 5ème voyage public sur l'Allier le bateau n'est pas complet. Le Lion d'Or lève l'ancre comme prévu à 10 heures, probablement pour la dernière fois avant longtemps pour cause d'ombre de Covid-19. Pourtant la rivière resplendit de tous ses atours et le petit public présent ne regrette pas de s'être levé si matinalement en ce samedi, profitant de la douceur du jour et des couleurs offertes.
Au bas d'Embraud, rue de la Chaîne : 10 heures pétantes, c'est "l'entrée en bateau" (photos nelly perret)
A contre-courant vers l'île du Veurdre
Première halte à la confluence. Le bateau flotte sur les eaux à peine mélangées de la Bieudre et de l'Allier. Ici débute l'évocation de l'ancienne batellerie.
De belles eaux argentées et marchandes offrant la sérénité d'un voyage en rivière
Les grandes demeures du Val d'Allier veillent les eaux passantes...
Les traces : ici la présentation d'une ancienne courbe de chaland, pièce de bois choisie sur l'arbre pour sa forme précontrainte et sa solidité dans la construction des bateaux.
La "sauvagerie" de la rivière Allier n'est pas extrêmement perceptible en ce jour ! Imaginez en plus le chant des oiseaux et les claquements de becs des cigognes au nid et vous aurez une petite idée de cette matinée.
A l'approche des terres de Braud...
La rue de la Chaîne et son échelle, les silhouettes des nacelles des chavans se dessinent doucement avant midi.
Embraud sur son promontoire
Un port Bourbonnais : futreaux, toues et bachots à l'ancre
Bientôt l'équipage laissera tomber l'ancre de la toue qui s'engravera au profond des sables et nos passagers oxygénés, repasseront la planche.
Message du Président de La Chavannée Frédéric Paris
Les dernières annonces sur le coronavirus nous obligent à prendre une décision exceptionnelle : la fermeture d'Embraud à compter du lundi 16 mars 2020 pour une période indéterminée, ainsi que l'accueil des groupes en visites, les hébergements et les sorties bateau.
Nelly concentrée à sa tâche !
L'après-midi clément est consacré à la rehausse du "rouge chavan" des plats-bords de lisse du bachot.
Accueil du groupe rue de la Chaîne (photos nelly perret)
Echelle des crues du pont du Veurdre : + 0,35 m.
Le point commun de la majeure partie des passagers de ce 4ème voyage public est bien d'être déjà "entrés en bateau" à notre invitation dans d'autres saisons. Pour nous une belle reconnaissance d'un instant de découverte et d'évasion sur cette magnifique rivière. Comme prévu, après le mauvais temps le soleil et surtout un afflot conditionnant de belles eaux marchandes et quelques libertés sur le choix de route.
Présentation du bateau et levée d'ancre pour une remontée jusqu'à la pointe nord de l'île du Veurdre
Au même instant, Freu et Philippe s'embarquent sur leur futreau pour une reconnaissance de territoire aux bâtons devant Embraud. L'occasion malheureusement de collecter diverses bouteilles en plastiques en provenance sans en douter des agglomérations d'amont que sont Vichy et Moulins.
Belle image d'un équipage remontant la rivière à l'ancienne devant Embraud...
Pendant ce temps, la toue cabanée poursuit son petit voyage et fait halte comme de coutume à l'île du Ponsut.
L'après-midi, Gilles, se défiant lui-même sur ces eaux vives de mars, remonte jusqu'au bec de Bieudre avec la technique de bâton "en marchant". Puis c'est le tour de Nelly de s'entraîner aux avirons sur le bachot et d'effectuer son bac hebdomadaire.